Préhistoire

Images exceptionnelles des hypogées

A lire…augustin_roland par Maryse

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Un centenaire sans conséquence à Villevenard

     Le 7 septembre 1913, après plusieurs discours et un vin d’honneur à la mairie,  fanfare de Villevenard en tête, un cortège de plus de 400 personnes se dirige vers les « grottes », hypogées néolithiques creusés dans la craie de la colline qui domine le village. Les différentes sociétés régionales, préhistoriques, académiques, des sciences et des arts de Reims, Châlons, Vitry-le-François, sont représentées par des membres éminents. Parmi les orateurs, le Conseiller général Merlin, donateur des grottes au département prononce une allocution soulignant l’intérêt pour la connaissance de l’homme, des traces de sa présence autour des marais de St Gond.

Toute cette cérémonie pour inaugurer, en grande pompe, les visites des grottes ouvertes par Augustin Roland, instituteur et archéologue, qui quarante ans après les travaux du baron Joseph de Baye a repris des recherches et constitué une collection d’objets déposés à la mairie et dans les couloirs de l’école,  pour l’information de tous.

Une partie du Musée Roland, collection acquise par le musée St Rémi de Reims

Dans le compte-rendu de cette inauguration publié chez Matot-Braine en 1913, d’où sont extraites les citations ci-incluses, Monsieur Bosteaux, président de la société archéologique champenoise de Reims  s’exprime ainsi : « Notre contrée ne conservait plus aucune de ces précieuses reliques : aucune grotte n’était visible et cette situation était déplorée par les visiteurs et surtout par les archéologues champenois. 

     L’archéologie préhistorique est en1913 une science encore nouvelle, elle suscite, dans le monde savant, intérêt  et polémiques. Par les avancées des connaissances dans le domaine des origines de l’homme, du passé le plus lointain, elle remet en cause des certitudes.  Cet intérêt est largement partagé par le public sur les lieux mêmes des découvertes.

    Revenons à l’inauguration !

« Puis commença la visite des grottes, facilitée par les travaux d’aménagement subventionnés par le Conseil général de la Marne. Ces grottes sont dès maintenant ouvertes au public. 

(légende de la photo), Antégrotte avec dessins au charbon au lieudit les Ronces à Villevenard, cliché communiqué par Madame Jacqueline Hu

C’était il y a cent ans !

Aujourd’hui les grottes, bétonnées à grands frais, ont été rendues inaccessibles au commun des mortels sans que l’argument de leur protection et surtout le moyen de protection mis en œuvre soient vraiment convaincants pour ne pas dire plus. Mais aussi et surtout faute d’information, voire d’enseignement, ce riche patrimoine est, sur les lieux mêmes, totalement méconnu des plus jeunes générations.

L’installation par le Conseil général, sur le site des hypogées, de panneaux présentant une information  basée sur les connaissances actuelles sur la préhistoire, est prévue pour 2014. Notons, au passage, que des visiteurs venus d’Irlande s’étonnent, dans un courriel récent de ne trouver  aucun accès ou mise en valeur sur place, des sites qui figurent encore sur leurs guides touristiques.

Pourtant l’intérêt pour la préhistoire locale ne fléchit pas. Pour preuve un récent article à propos de fouilles reprises sur un site abandonné, à Vert La Gravelle, qui lui n’est pas sous la protection des autorités départementales, fait état d’une centaine de visiteurs venus observer les travaux. L’objectif déclaré des chercheurs, selon l’article du journal L’Union, étant de tenter de comprendre, comment les populations néolithiques étaient organisées socialement, techniquement et économiquement.

 

On se félicite que de tels travaux ravivent l’intérêt pour notre préhistoire, là même où elle semblait tombée dans l’oubli. De plus, les progrès techniques dans les moyens d’investigation scientifique permettront sans doute d’aller plus loin dans l’analyse des sites et des objets et d’apprendre plus que ce qui était déjà connu ou simplement supposé sur les déplacements de population, les croyances, les modes de subsistance, la provenance des silex…

Puisse cette action locale inspirer aux autorités de notre région la volonté de  mettre en place une information sur tout le pourtour des marais de St Gond, région qui a favorisé le peuplement à date très reculée et selon le projet idéaliste des anciens  affirmé en 1913  « apporter une plus grande connaissance sur l’histoire de l’humanité. »

Et ainsi par une connaissance des modes de vie qui ont laissé des traces observables, élargir notre réflexion sur ce que nous appelons progrès et sur notre mode de vie actuel dont nous commençons à percevoir les limites et les risques.

Jean-Paul Demoule, archéologue et Bernard Stiegler, philosophe expriment ainsi  leur conception de l’archéologie dans leur ouvrage, L’Avenir du Passé L’archéologie est une science dans son  temps, elle en épouse les travers et les régressions, mais elle lui apporte aussi de remarquables avancées de la connaissance dans des domaines qui étaient parfois vierges ou très mal documentés, du passé le plus lointain jusqu’au seuil de notre présent. Sa pratique n’a pourtant de sens que si elle enrichit les travaux des autres chercheurs, éclaire l’action des hommes politiques, nourrit la réflexion des citoyens.   (nous soulignons)

L’idée du progrès de l’humanité que l’archéologie préhistorique permet d’illustrer  est très présente dans le discours d’ Augustin Roland : Je rends hommage aux bienfaits de la solidarité, qui a permis à l’homme d’accomplir petit à petit les progrès immenses de cette civilisation qui nous sépare aujourd’hui de cette époque.

Et il dit encore le souci de préparer la voie aux générations futures qui trouveront une vie meilleure grâce aux liens de solidarité que les hommes qui ont reposé en ces lieux commencèrent à connaître et à mettre en pratique pour le plus grand bien de l’humanité. On ne saurait mieux dire sa foi en l’être humain en marche  depuis les origines vers la meilleure des sociétés. Mais on est en 1913, la confiance  béate n’est pas de mise…

       L’année suivante, l’histoire et la préhistoire se rencontrent, du 6 au 12 septembre 1914,  comme chacun le sait c’est la première bataille de la Marne.

Et pendant les années qui suivent, c’est dans l’art du massacre que les progrès seront réalisés. Des flèches à tranchant transversal trouvées sous une trentaine de corps dans  lesquels elles avaient pénétré selon les hypothèses du Baron de Baye, (in l’Archéologie préhistorique, Baillière,p.205) aux moyens de destruction mis en œuvre en 1914-18, la marche vers le « progrès » a été  lente mais continue. Et il faudra un autre conflit encore, d’une violence sans limite pour qu’enfin s’éloigne la possibilité même d’une guerre, entre les grandes nations européennes tout au moins !

Les habitants et habitantes de Villevenard occupé par les Allemands, réfugiés dans les grottes en sortiront vivants et vivantes guidé-e-s par Monsieur Roland qui relate ces événements dans son journal.

Septembre 1914 ! Un autre centenaire qui sera célébré en conséquence !

Vue panoramique du plateau de Villevenard. Cliché de Monsieur Roland

Entrée des  hypogées, lieudit les Ronces,  cliché de Monsieur Roland, figurant dans le compte rendu de la cérémonie d’inauguration.

 Pour Mémoire et Avenir de Villevenard, la présidente. Septembre 2013.

Intégralité du document Un centenaire sans conséquence à Villevenard

 On peut consulter ce site consacré à la préhistoire : http://archeologie.yvelines.fr

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